Bison et Zouzette

J’aimerais vous parler ici du festival du film documentaire qui a eu lieu du 14 au 22 octobre dernier. Il s’agit de la 10ème édition. Il s’intitule : Anûû-rû Aboro qui signifie « l’ombre de l’homme » dans la langue des tribus de Poindimié.

Longs, moyens et courts métrages. Tout est gratuit, en plein air sous un faré le soir avec un espace pour manger igname, fruit à pain et autre manioc.

Les diffusions se font principalement à Poindimié mais quelques projections ont lieu en soirée dans les autres villes de Calédonie (dont trois soirs à Koumac). J’étais sur place à deux reprises (Poindimié est à 2h30 de Koumac).

Voilà la trame qui relie ces films : « A l’heure où les cultures et les civilisations du monde cohabitent de façon perméable, les échanges incultes ou intéressés produisent des conflits, et sont autant l’origine de violences et de déstabilisations géopolitiques que de replis sur soi. Les traditions deviennent un repère confortable autant qu’un sujet identitaire, justifiant les rejets et les idéologies extrémistes nourries de la peur de ne plus exister. Le documentaire pense l’action et agit passivement. Il invite à la fraternité pour un monde pacifié. Il participe à l’évolution des consciences, qui fondent nos actes. »

Déjà, une grosse pensée pour les personnes dont je suis sûre qu’elles auraient aimé ce type d’évènement : Manue, Alain, Noémie… J’en oublie sans doute mais je cite là me plus proches amateurs et partenaires de films choisis.

Chaque film est une fenêtre ouverte sur une tranche de vie, parfois filmé sur plusieurs années. Cela donne une épaisseur au contenu des films. Chaque passage est choisi pour former un ensemble, une vision des épreuves ou des vies difficiles que traversent ces autres citoyens du monde. Des vies qui donnent à penser et à mettre en perspective la nôtre. On se recadre. Très honnêtement, on a tellement de chance, tellement de libertés et de possibilités d’ouvertures !

Et qu’on suive la vie d’une jeune fille vivant dans une décharge à ciel ouvert à côté de Moscou où celle d’un Ecossais condamné pour meurtre en liberté conditionnelle après 16 ans d’incarcération, on en revient à la même chose : la mise en avant de moments et de gestes d’humanité. Celle dont on est fière, qui nous rapproche et nous donne le sentiment d’appartenir à un peu plus qu’une espèce commune.

A retenir aussi en lecture transversale : le fléau de l’alcool qui justement nous vide de cette humanité. Un documentaire très dur sur une réserve amérindienne au Canada le met en scène. Quand la dose est trop forte il ne reste que la bêtise et une fierté faussement ancestrale mais toujours déplacée.

Quand la bienveillance a quitté nos cœurs, une attitude bravache voit le jour, dégoulinante d’individualisme et de repli sur soi, tissée de fausses revendications pour combler un vide idéologique vertigineux.

Dans mon top 3 : je retiens Something better to come, Holy Cow et Driving with Selvi dans lequel on suit Selvi qui comme beaucoup de jeune filles en Inde sont mariées de force par leur famille. Elle avait 14 ans et a épousé un homme qui abusait d’elle et la prostituait pour gagner de l’argent. Un jour, elle est partie de chez elle avec pour projet de se jeter sous les roues d’un bus. Mais quand celui-ci passe, elle lève la main pour monter à bord à la place. Elle a fuit et a commencé à essayer de se reconstruire dans un foyer pour femmes et enfants victimes de maltraitance. Elle a passé sont permis de conduire et devient l’une des premières femmes chauffeur de taxi.

Ce film m’a beaucoup émue. C’est un vrai exemple. J’ai eu une discussion avec un Français rencontré au camping de Poindimié. On parlait des choix que l’on fait. Lui défendait l’idée que nous n’en sommes pas maîtres, que ceux-ci sont déterminés par un tas de facteurs issus de notre vécu passé. Si bien qu’il pense qu’en réalité, nous ne sommes pas libres de nos décisions.

Même si je reconnais que notre vécu influence nos décisions, je n’aime pas l’idée que nous n’ayons pas de libre arbitre. C’est quelque part rejeter la responsabilité des conséquences nos actes et là je ne suis pas d’accord. Parfois, on n’arrive pas à faire le choix que l’on souhaite ou on ne trouve pas la force mais dans tous les cas c’est notre responsabilité. Et Selvi est un bon exemple. Elle avait le choix : de rester chez elle et de subir, de se suicider ou de monter dans un bus pour un ailleurs. Cet ailleurs aurait aussi pu mal tourner. Nous avons la plupart du temps des décisions de bien moindre importance à prendre.

Je pourrais encore parler de mes réflexions inspirées de ces projections pendant un moment mais je vais m’arrêter là. Cet article est assez long comme ça.

En tout cas n’hésitez pas à laisser vos réactions et vos humeurs, vous êtes dans la rubrique « Réflexions » !

Sur cette page je voudrais partager avec vous une petite réflexion. Dans notre immense monde moderne et complexe, j’ai souvent le sentiment qu’il reste peu de champs d’action possibles. Rien n’est à taille humaine : pouvoirs politiques, médias, multi-nationales… grosse machinerie et tant de problématiques générales et inter-dépendantes : économie, famille, alimentation, éducation, etc… Des chantiers pour lesquels on sent qu’on ne va pas dans la bonne direction mais pour autant, on ne sait pas non plus par où commencer pour faire changer les choses. Comment réapprendre à faire autrement ?

Une des chances que nous offre Internet de nos jours c’est la possibilité du PARTAGE.

Alors je voulais ouvrir ici un espace de partage des petites et grandes initiatives, parcours, réflexions, propositions, produits… que vous avez découverts ou que vous allez découvrir et qui selon vous vont dans le bon sens. Difficile de définir « bon » ? Disons simplement que si cela résonne en vous de façon positive, que cela vous semble relever du bon sens ou que cela retient votre attention parce que cela correspond à quelque chose qui vous fait du bien… alors partagez-le ici.

Je commence en vous communiquant l’adresse d’un excellent site qui propose des vidéos documentaires qui me semblent particulièrement intéressantes (merci Esther !) :

http://preuves-par-images.fr/

Voilà, cet article est un peu à part mais il me tient à cœur !

Vous allez me manquer pendant cette année les amis… beaucoup… oui, beaucoup !