Bison et Zouzette

Bison et Zouzette

Fait divers

Le 30 janvier 2017 vers 16h, une Clio bleue à la carrosserie délavée par le soleil se range sur le bas côté de la rue principale à Koumac. Deux individus respectivement de sexe féminin et masculin en sortent. La femme se plaint : de mauvaise humeur pour une broutille, aggravée sans doute par la moiteur estivale. L’arrêt est aussi bref qu’infructueux. Décidément, aujourd’hui tout va de travers.

 

Au moment de remonter dans le véhicule, un croassement rauque entouré d’un étrange écho les interpelle. Aboiement de cagou ? Pas à Koumac. Chat ? Les plaintes ne ressemblent en rien à un miaulement. Une chose est sûre : une bête est dans les parages, en détresse. Après un rapide tour d’horizon, l’homme identifie la provenance des appels : la bouche d’égout contre laquelle est stationné le véhicule. Accroupi, allongé, le bras tendu, lampe en main… il n’y a rien à voir. En l’absence de barre à mine pour soulever la plaque, le couple rejoint son appartement trois rues plus loin.

 

L’histoire aurait pu s’arrêter là mais la femme est soucieuse. Elle nourrit une affection parfois déraisonnable envers les animaux et n’est pas à l’aise à l’idée d’en laisser un, quel qu’il soit, croupir dans les canalisations souterraines en attendant que la prochaine pluie l’évacue vers une mort certaine. Elle prend son téléphone et appelle la caserne des pompiers : correspondant occupé.

 

Après trois autres appels stériles dans la demi-heure qui suit, l’homme lui suggère de s’y rendre en personne. Après tout, ça n’est pas si loin. La femme peste, peu encline à sonner l’alarme pour un vulgaire oiseau ou pire, un rat blessé  au couinement étrange. L’homme insiste : « Tu auras la conscience plus tranquille après. » L’homme est souvent de bon conseil, la femme y va.

 

Sur place, le capitaine est effectivement affairé au téléphone, planifiant la prochaine session de formation de pompiers stagiaires. Quand il raccroche, la femme explique les raisons de sa venue s’excusant à demi-mot de le déranger pour un oiseau. La réponse est professionnelle : « Dans tous les cas c’est de notre ressort. » La plaque d’égout est rapidement localisée sur un plan, un collègue d’astreinte appelé pour « un sauvetage animal ». Au passage, des traits radieux se peignent sur le visage du pompier de toute évidence ravi de faire une sortie.

 

La femme les rejoint quelques minutes plus tard sur le lieu de l’intervention. Camion rouge stationné, cônes de balisage posés au sol, les plaques d’égouts sont retirées de part et d’autre de la route.

 

Les deux hommes sont en pleine action mais la bête leur échappe. Les conduits d’égouts sont nombreux et quand l’un d’eux se présente à une entrée, l’animal apeuré file crier sa détresse ailleurs. De bouche d’égout en bouche d’égout et étant allé jusqu’à ramper dans un des conduits, les deux pompiers réussissent à l’isoler dans une canalisation se postant l’un et l’autre à chaque extrémité.

 

Mais l’animal est terrifié. Il se poste au milieu et ne bouge plus. Cette canalisation là est trop étroite pour qu’un homme y rampe.

L’homme a entre-temps rejoint le groupe. S’ensuit un chassé-croisé où il enfilera temporairement les gants du capitaine et descendra dans les souterrains le temps que ce dernier aille chercher la lance à eau.

 

On a toujours besoin d’un troisième homme !

 

L’idée : transformer le conduit en toboggan aquatique le temps que la bête atterrisse dans les mains du professionnel en aval. Echec ! Elle hurle mais s’accroche. Elle finit même par remonter le courant luttant contre le jet d’eau. Il est bien entendu hors de question d’envoyer de la pression. De nombreuses minutes plus tard, c’est un petit animal détrempé qui finit par remonter dans les gants immenses du capitaine…

 

Et oui les amis, nous faisons partie des acteurs principaux de ce sympathique fait-divers de début d’année. Je pense que Gizmo a entre 5 et 8 semaines. Je ne m’y connais pas trop. Il a déjà des dents et a accepté des croquettes humides. A priori c’est un mâle. En ce moment, il s’est trouvé un coin tranquille dans le tiroir à serviettes qui est sous le lit. Il semble bien rétabli. Ce matin, il a joué comme seuls le font les petits chats, il mange bien et fait même ses besoins dans la litière qu’on lui a improvisée. Il suffit de le mettre dedans et de gratter un peu la terre pour lui montrer l’exemple.

 

Après avoir croisé quelques témoignages, il avait déjà été entendu la veille au soir. Il a donc passé au moins 24h dans les égouts. Cela explique son miaulement si rauque. Le pauvre a dû s’époumoner toute la nuit pour appeler au secours. Il était très agité au départ mais s’est très vite révélé sociable voire pot de colle. Il semble mal sevré car il cherche encore à téter et vient toujours se coller prêt du visage comme s’il attendait d’être léché. Il a dormi à côté de moi cette nuit. Forcément, je suis  « echter fan » ! Pierre aussi. Il fait son mâle détaché mais il n’en est rien. Ce matin, il m’a tout de suite demandé comment allait le chat quand il m’a appelé du boulot !

 

Il va bien !

 

Nous avons pourtant décidé de ne pas le garder. Je ne veux pas abandonner un autre chat à notre départ (rappelons que j’ai vécu ça en Equateur et que ça m’a réellement fendu le cœur) et il est plus facile de le faire adopter par une famille tant qu’il est encore petit. De plus, nous sommes souvent en vadrouille plusieurs jours d’affilée et un chaton a besoin d’attention. Par contre, le casting de la famille adoptive sera sévère, foi de Zouzette !

 

J’espère que j’ai su créer un peu de suspense au début de cet article et que vous avez aimé cette aventure. Je sais déjà que je vais remporter l’adhésion des « femmes à chats » de mon entourage… Oui les filles, moi aussi j’aimerais trop le garder mais il faut penser à son bien être avant tout. En métropole je n’ai qu’un petit appart alors qu’ici il vivra en extérieur, sans compter le traumatisme que lui infligeraient les 26h de voyage !

 

Au passage un énorme merci aux pompiers de Koumac ! Belle réactivité et super boulot !

 

J’ai écrit cet article ce matin mais je reprends déjà le clavier. Nous sommes le lendemain soir du sauvetage de Gizmo et nous avons déjà une famille qui l’a adopté. C’était dur de le voir partir après si peu de temps mais c’est un couple qui adore les animaux qui le voulait. Ils ont un autre chat adulte et très sociable et un chien très affectueux avec les chats apparemment. Ils ont surtout une maison avec un bel extérieur. Beaucoup plus sympa qu’un appart pour un chaton curieux comme lui. Nous irons le revoir dans quelques jours dans son nouvel environnement !

Pfiou… c’était trop rapide pour moi… mais c’est mieux pour lui qu’il ne s’habitue pas à l’appartement s’il ne va pas y rester. On vous donnera de ses nouvelles !

Que d’émotions ! Oui j’ai versé une larme… je m’attache trop vite !

 



01/02/2017
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