Sport et culture à Koumac

La mine de Tiébaghi

A l’occasion des journées du patrimoine, le site minier de Tiébaghi ouvrait ses portes le 22 et 23 octobre dernier. Comme vous le savez sans doute, l’extraction de minerai constitue le premier pilier de l’économie du territoire. Il était donc indispensable d’en savoir plus sur ce domaine et aussi de profiter de la vue au sommet du site :

Tiébaghi signifie « la montagne du tonnerre » en langue Kanak. Ce nom provient de l’effet sonore impressionnant lors des orages (Jérémie, ça vaudrait le coup de venir claquer un ballon ici pour mesurer les décibels, la réverbération du son, etc.). Par ailleurs, la terre rouge étant riche en fer, la montagne attire l’activité électrique liée à la foudre.

Au départ en 1900, un filon de chrome est découvert sur cette montagne. Le potentiel semble énorme et l’exploitation commence. La société est tri-nationale et le partage des compétences se fait comme suit : la France gère l’administratif (on sait si bien faire la paperasse !), les Etats-Unis raffinent et transforment le minerai et la Grande-Bretagne s’occupe de la vente. Pour faire « simple », les USA créent leurs usines de valorisation du minerai au dessus de New-York. A l’époque le minerai extrait est descendu de la montagne jusqu’à la mer par tyrolienne puis chargé sur des bateaux à voiles qui entament une traversée de six mois reliant la Nouvelle-Calédonie à la côte Est des USA en passant par le détroit de Magellan (le canal de Panama n’existant pas encore) !

Ci-dessous un morceau de roche contenant du chrome (en noir) et le plan en coupe du filon de chrome (les galeries de la mine apparaissent en vert) :

Une association de passionnés à repris les archives et entretient le vieux village créé au cours du XXème siècle. Il y a beaucoup de « petites histoires » croustillantes dans la « grande histoire » de la mine mais je ne veux pas faire un article de 10 pages. Et sans la vue des vieux objets et des structures anciennes, ça serait beaucoup moins intéressant.

Bref… l’extraction de chrome va bon train pendant soixante ans mais suite à une crise du minerai l’entreprise est forcée de mettre la clé sous la porte en 1964. La mine sera réouverte et exploitée par des Canadiens dans les années 80 mais seulement pour douze ans. Ensuite le filon sera épuisé.

Le site est à nouveau à l’abandon avant d’être exploité pour le nickel jusqu’à aujourd’hui encore. Ce minerai est réparti dans le sol et les conditions d’extraction ne sont donc pas les mêmes. En image ça donne ça :

Et pour avoir une idée des proportions (une spéciale dédicace pour Siméon… il est pas beau mon camion ?) :

Le minerai connaît une nouvelle crise économique. Aujourd’hui la SLN (qui est la société d’exploitation du nickel en Calédonie) perd 1 milliard de Francs-Pacifique par mois (2 milliards/mois il y a 6 mois). Les perspectives ne sont pas réjouissantes. Tout indique que la crise va perdurer. Le problème est que l’activité minière fait vivre énormément de personnes sur le territoire ce qui justifie que l’entreprise rechigne à mettre la clé sous la porte. Je pense notamment que l’état couvre une partie des déficits pour maintenir l’emploi dans le pays.

Voilà, j’espère ne pas vous avoir trop assommés avec ces explications. Personnellement j’ai été passionnée par cette journée mais c’est grâce aux bénévoles de l’association qui font si bien passer leur engouement pour l’histoire de ce site. Leur engagement continue notamment en matière d’environnement puisque la réhabilitation du milieu et le reboisement font partie des objectifs post-exploitation.

En extra… mes pieds après la journée ! Qui dit mine, dit poussière… celle de l’Histoire d’hier et de celle en devenir…

Course des Touques de Koumac (texte rédigé par Pierre)

Tandis qu’Amandine avait choisi l’option culture en profitant des portes ouvertes de l’une des mines du secteur, j’avais de mon côté signé pour la session sportive de ce même dimanche.

A savoir que Koumac a organisé pour la deuxième année consécutive une course de touques fabriquées maison. L’événement était organisé dans la petite baie située entre le village et la marina (le port), à 10 minutes à pied de chez nous. L’objectif de la course: défendre les couleurs de son entreprise. J’ai donc ramé aux côté de mes collègues de l’hôpital, face à 5 autres concurrents dont le club de percus rappelant remarquablement l’équipage du Black Pearl et la fameuse troupe auto-proclamée « l’abeille coule ».

En ce qui concerne notre touque qui jusqu’ici était échouée sous un manguier à l’arrière de l’hôpital je n’en avais aperçu que sommairement son design. Aujourd’hui, sous le soleil hiverno-tropical de cette belle matinée et sous le flash des journalistes des Nouvelles Calédoniennes, je me suis rapidement inquiété de savoir dans quoi je m’étais embarqué. Ca ne m’a pas franchement étonné de nous voir autant galérer –ou ramer je pourrais dire aussi- pour finir l’épreuve. Il n’y a qu’à voir les photos pour comprendre que certains facteurs dont celui « flottaison » n’avaient pas été optimisés. Nous sommes toutefois arrivés en 5ème position. Oui, avant-dernier, sachant que les abeilles avaient coulé en cours de route. La bonne ambiance était cependant inégalable et les 45 minutes de cadence soutenue ont suffi largement à mon besoin d’activité physique quotidien.

Acheminement de notre équipe sur le site de la course :