Bison et Zouzette

Bison et Zouzette

Question de vocabulaire !

Bientôt trois mois sur le Caillou, c’est le moment de faire un petit bilan langagier !

 

Le français est bien entendu la langue officielle mais 28 langues kanak cohabitent également sur le territoire sans compter le wallisien, le tahitien, le javanais, le vietnamien et le bichelamar. De plus, même au niveau du français, on prend certaines largesses que nous appellerons : le parlé caldoche.

 

On découvre de nouveaux mots : ainsi le requin est un trapard, le cerf un gadin (déjà vu dans un précédent article), le braconnier un viandard. On ne dit pas « C’est cool ! » mais C’est net ! ou C’est choc !, ni « purée ou p….. ! » mais lôngin ! (de « l’engin »). On ne fait pas « exprès » mais « esprès ».  Il n’y a pas « rien » mais il y a peau de balle. Ça n’est pas « très joli » mais fin jouli ! Une ferme d’élevage est une station, des tongs des claquettes (alors qu’on parle de savates à la Réunion ! Clin d’œil à la famille au passage).

 

La prononciation peut aussi franchement différer. Les « an » et les « on » ont la même valeur… « tontion » signifie « attention ». On ne parle pas de bus ni de gaz mais de « beus » et de « gass »… emprunté à l’anglais mais l’effet dans une phrase en français est assez savoureux.

 

Il y a également une aberration que nous n’avons pas encore éclaircie. Ici tout le monde parle de « la dénivelée » que ça soit sur les panneaux de sentiers, les bouquins de rando ou à l’oral… Je vous rassure, cela a exactement le même sens que « le dénivelé » mais pour une raison que j’ignore, le mot s’est féminisé…

 

Enfin, il y a les mots que je ne connaissais pas avant. J’ai ainsi découvert ce qu’était un platier (surface plane de coraux de basse profondeur se terminant par un tombant récifal), un faré (construction sans mur dont le toit est soutenu par des piliers qui peut servir d’abri, de lieu de regroupement voire de chambre en extérieur) et le kava (racine du Vanuatu de laquelle on extrait un jus ayant un effet de décontractant musculaire) qui se boit au nakamal (lieu de consommation du kava, en extérieur et aménagé avec des tables, des bancs voire un jeu de fléchettes).

 

Ce qu’il nous manquera toujours, c’est le raffinement broussard ! Le broussard calédonien type est une personne de nature assez rude qui ne s’encombre pas de fausses manières. Et pour illustrer cette belle définition, nous vous conseillons le lien vidéo ci-dessous en précisant qu’il s’agit d’un extrait documentaire et non d’un sketch :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'avoue que la démarche n'est pas très honnête. C'est comme si en Alsace on avait cherché le pégu le plus gratiné de la campagne alsacienne avec accent à couper au couteau et mœurs uniques en leur genre.

 

Bon à savoir également : chez les Kanaks, l’accord est plus souvent silencieux que verbal. Il se matérialise par un rapide soulèvement de sourcils qui signifie « oui ».

 

Pour nous aider à démêler ces repères culturels, il y a la série de bande dessinée « Brousse en folie » donc les 4 personnages principaux caricaturent la mosaïque ethnique de la Calédonie. Les traits sont forcés mais chacun s’y retrouve et cette BD a le mérite d’être lue par tous les groupes de population.

 

Voici les quatre héros de la série

CIMG8302.JPG

 

Allez, on vous laisse avec deux anecdotes vécues et au cours desquelles nous sommes passés pour des métros fraichement débarqués de l’avion :

 

  • Ce qu’on ne demande jamais en Calédonie quand on achète de l’électroménager mais que Pierre a tenté innocemment pour un ventilateur :

-          La garantie est de combien de temps ?

-          Sourire… Vous venez d’arriver hein !

 

Il n’y a quasiment jamais de garantie sur le Caillou. Pour les appareils les plus chers on peu aller sur du 1 à 2 mois là où en métropole ça serait 1 ou 2 ans. Il faut dire que l’humidité et le soleil usent tout très vite dixit feu notre clé d’ouverture centralisée de la Clio !

 

  • La scène se déroule en extérieur, sur le bas côté de la route à côté d’un bougainvillier en fleurs, un pick-up est arrêté sur le trottoir. Dans sa remorque trônent 3 fières glacières de format XXL. Dedans : poissons frais du lagon, pêché par un Caldoche pur souche (le même profil que dans la vidéo mais en homme). Le broussard interpelle la z’oreille qui passe…

 

-          Vous voulez quoi comme poisson ?

-          Euh… (rapide passage en revue des noms de poisson que je connais) du picot rayé ! J’en ai mangé ce weekend et c’était super bon !

-          Hé mais il est interdit à la pêche entre octob’e et février !

-          Oups… bon, ben… un autre alors.

-          V’zavez un homme pour vous l’écailler ? V’savez le préparer ?

-          Euh… oui… (Note pour plus tard : passer à la médiathèque voir sur Internet comment se prépare le poisson frais)

 

Et le soir, voilà le résultat : poisson et bananes poingo sauce au lait de coco ! Pas peu fière la z’oreille !

 

CIMG8041 - Copie.JPG



20/11/2016
22 Poster un commentaire
Ces blogs de Voyages & tourisme pourraient vous intéresser